Le château de Gisors a été construit par Robert de Bellême pour le compte de Guillaume le Roux en 1096-1097. Il est la clef de la Normandie selon l’expression d’Orderic Vital. Au XIIe siècle, le château commande un système de défenses d’une douzaine de châteaux réparties de l’Epte à l’Andelle face aux châteaux de Chaumont, Trie et Boury en Vexin français. Gisors est l’enjeu constant des luttes entre le roi de France et le duc de Normandie.
Le château est constitué d’une tour polygonale en pierre élevée sur une motte et étroitement protégée à son sommet par une muraille, la « chemise », innovation adaptée ensuite à tous les donjons voisins. La défense est complétée dans les périodes de troubles des années 1120, sous Henri Ier Beauclerc, par une enceinte basse flanquée de tours carrées. Henri II Plantagenêt fait ajouter deux étages au donjon et renforcer l’enceinte basse vers 1170-1180. Richard Cœur de Lion, puis Philippe Auguste, complètent le dispositif. Philippe Auguste ajoute notamment un grand donjon cylindrique qui domine l’enceinte extérieure près de l’entrée de la basse-cour (la Tour du Prisonnier).
D’autres transformations interviennent aux XIVe, XVe et XVIe siècles. Place forte essentielle, le château est aussi un lieu de résidence royale dont témoignent des communs et une chapelle dédiée par Henri II à saint Thomas Becket dont le chevet roman est pris dans le mur d’enceinte au sommet de la motte.