Le Château Ganne, commune de la Pommeraye (Calvados) se situe dans la petite région vallonnée et forestière du Cinglais, au sud de la Plaine de Caen et à l'ouest du pays de Falaise où une quarantaine de fortifications, enceintes, mottes castrales ou châteaux de pierre ont été identifiés par l'archéologie. La densité de ce paysage de résidences seigneuriales accompagnées d'autres témoignages du développement de l'économie médiévale, atteste de la mise en valeur et du développement de ce terroir sous les ducs de Normandie.
Le premier seigneur de la Pommeraye, Raoul (mort vers 1102) a accompagné Guillaume le Conquérant à Hastings et obtenu assez de biens pour organiser son domaine normand et donner naissance à une branche anglaise du lignage, les Berry Pomeroy. Henri, petit fils de Raoul a été connétable de Henri Ier Beauclerc et a épousé une des filles illégitimes du duc-roi. Sous les Plantagenêt, le château passe directement entre les mains du roi d'Angleterre. La branche aînée de la famille prend parti contre le roi de France en 1204 puis l'héritage de la branche française se disperse au XIIIe s.
Des fouilles récentes ont permis de mieux comprendre l'organisation de ce type de châteaux, maillons essentiels de l'encadrement seigneurial en Normandie, comme en Angleterre . Il s'agit d'un ensemble de trois enceintes hiérarchisées dont les remparts exploitent le relief aménagé pour la fortification dominant et contrôlant la route et la campagne environnante. La basse cour secondaire s'étale au pied du relief. La basse cour principale abrite un grand bâtiment résidentiel de type hall à un étage, appuyé sur la courtine, et au moins un grand bâtiment domestique en pierre avec four et puits. Une chapelle, dont les sculptures et les décors peints attestent un certain niveau de richesse, abritait des fonts baptismaux qui ont pu jouer un rôle dans l'organisation d'une paroisse. La haute cour, confondue souvent avec une motte, est en fait un donjon annulaire de type donjon-coquille (shell-keep : étroite enceinte maçonnée surmontant un talus et de profonds fossés). A son entrée, la tour porche dont les vestiges ont subsisté jusqu'à nos jours était une longue (23 mx 7,5 m) et haute galerie voutée surmontée d'un étage dont les ruines sont restées visibles dans un paysage envahi par les bois.