Située en amont de Saint-Wandrille et de Jumièges, l'abbaye de Boscherville vient compléter au début du XIIe s. le réseau des grandes abbayes bénédictines richement dotées par les ducs de Normandie et les grands barons normands sur la vallée de la Seine. Elles profitent pleinement alors de la richesse agricole de la région, de la navigation et des péages sur le fleuve et des relations entre Rouen et Londres.
L'église abbatiale Saint-Georges a été construite pour un groupe de moines appelés de Saint-Evroult-en-Ouche (l'abbaye du moine historien Orderic Vital). La fondation est placée sous la protection des seigneurs de Tancarville. Cette famille tenait le manoir de Boscherville avant de recevoir l'honneur de Tancarville pour services rendus aux ducs de Normandie au début du XIe s. Les Tancarville conservaient en outre de façon héréditaire la charge de chambellan de Normandie depuis Raoul (mort en 1080), gardien et compagnon du jeune Guillaume de Normandie. C'est donc un très puissant seigneur, Guillaume de Tancarville, son fils (mort en 1129), qui a installé la communauté bénédictine à Boscherville vers 1113.
Achevée sans doute vers 1130, peu transformée par la suite, l’abbatiale est un des spécimens les mieux conservés de l’architecture normande du temps d’Henri Ier Beauclerc († 1135). Construite sur un plan bénédictin classique et directement inspirée de l'abbaye de Saint-Evroult-en-Ouche (achevée en 1099) l'église est harmonieusement proportionnée (exactement 200 pieds de long, sur 60 de large, soit 66,30m x 19,90 m). Elle présente des chapiteaux au décor sculpté répandu dans les constructions du règne de Henri Ier en Normandie comme en Angleterre.
La salle capitulaire aux arcades richement sculptées est un bel exemple de l'art roman finissant (fin du XIIe s.) montrant que l'abbaye a continué de bénéficier d'importants patronages pendant toute la période anglo-normande.