Le duc Guillaume le Conquérant et la duchesse Mathilde fondèrent les abbayes aux Hommes (vers 1063) et aux Dames (entre 1059 et 1065) pour impulser le développement de la nouvelle capitale ducale.
A Saint-Etienne de Caen, l’abbé Lanfranc dirigea les travaux jusqu'à sa nomination à l'archevêché de Cantorbéry en 1070. La dédicace eut lieu en 1077, toutefois la façade occidentale (à l'exception des flèches gothiques) ne fut construite qu'à la fin du XIe siècle et la nef fut voûtée sous le règne de Henri Ier Beauclerc, vers 1120.
Le plan primitif était le plan bénédictin en croix latine et chevet à chapelles échelonnées. Mais un chœur gothique a été reconstruit au début du XIIIe siècle, tout en respectant au mieux la structure romane de l'église. La nef romane présente des caractéristiques qui seront diffusées dans les grandes abbatiales ou cathédrales anglaises, par exemple à Norwich. Elle est vaste, avec de grandes arcades et des tribunes largement ouvertes au deuxième niveau. La composition des piliers est alternée d’une travée à l’autre et une galerie coure le long du troisième niveau. La façade à deux tours, austère dans sa décoration et de grande ampleur, rappelle l’architecture impériale carolingienne et ottonienne adaptées par les Normands et diffusées dans tout l’espace anglo-normand.
Guillaume avait souhaité une église digne d'abriter son tombeau et de célébrer sa gloire. Saint-Etienne traduit non seulement cette volonté mais exprime encore la puissance de la Normandie ducale et la perfection rigoureuse atteinte dès la fin du XIe siècle par l'architecture romane normande.