En 708, l’archange saint Michel est apparu à saint Aubert évêque d’Avranches et lui a ordonné de construire un sanctuaire sur le Mont Tombe où l’archange a combattu le Diable. Vainqueur du Mal, Michel est aussi celui qui pèse les âmes au Jugement dernier. Son sanctuaire est devenu rapidement un haut lieu de pèlerinage où les hommes viennent chercher réconfort pour une bonne mort.
Le sanctuaire est donc devenu un site réputé, protégé par Charlemagne mais pillé par les Vikings en 847. Rollon le premier (911-927), puis son fils Guillaume Longue Epée (927-942), ont compris l’importance spirituelle du lieu et ont rapidement restauré et doté le monastère. A partir de ce moment la dynastie normande va fortement s’appuyer sur le prestige de l’abbaye et les chevaliers normands vont se recommander de la protection de l’Archange qui est aussi le capitaine des légions célestes. En 965, le duc Richard Ier favorise l’installation des moines bénédictins, architectes de la nouvelle abbaye.
Sur le mont, les contraintes du site ont imposé la construction des bâtiments abbatiaux classiques en étages superposés dont l’église couronne la pyramide. Dans l’édifice actuel on admire surtout « la Merveille » (bâtiments abbatiaux) du début du XIIIe s. et le chœur gothique. La nef de l’église abbatiale montre cependant un très bel exemple d’élévation à trois niveaux d’époque romane et la crypte Saint-Martin ou l’église Notre-Dame-sous-Terre sont des exemples de l’architecture du temps des premiers ducs (Xe s.). Le cloître gothique, où les colonnes en marbre de Purbeck (Dorset) supportent un décor en Pierre de Caen, exprime la richesse et le prestige du sanctuaire qui ne cessa pas d’attirer des pèlerins de Normandie, d’Angleterre et de toute l’Europe.
Le scriptorium du Mont fut, dès l’époque des ducs de Normandie, une des plus riches et plus importantes bibliothèques d’Occident.